Traces du sacré

Encore une exposition décevante.
Le sujet était pourtant passionnant. Mais sans doute trop vaste.

Pas de problématique / fil directeur qui articule les oeuvres dans une logique autre que chronologique (!).
De plus, dire que c’est du déclin du religieux qu’est né l’art moderne est vraiment une vision très réductrice de l’art (pour moi en tout cas !).
Je trouve vraiment la problématique pas assez resserrée.

Cependant il y a beaucoup d’oeuvres incroyables à voir (je pense notamment aux dessins sous mescaline d’Henri Michaux), la plus renversante de toutes étant évidemment “Him” de Maurizio Cattelan : Hitler nous tourne le dos, il est à genoux, c’est un petit garçon, ses mains sont entrelacées (on ne sait pas s’il prie), il a le visage d’un homme âgé.

J’ai dit dans de précédents posts sur Ron Mueck ou encore Yves Klein, que pour moi l’art contemporain qui marquait une réelle “avancée” dans l’art moderne est celui qui n’est pas représentable (en photo, ou par un texte) mais que l’on ne peut “ressentir” que en “vrai”.
Ainsi un tableau de Botticelli reste magnifique dans un livre.
Voir un monochrome de Yves Klein ou une sculpture de Ron Mueck sur une photo ou dans le plus beau livre qui soit , n’a simplement aucun sens.

C’est également, ce que j’ai ressenti face à cette oeuvre.



Je me contredis allègrement en vous en montrant une photo mais j’espère que cela vous donnera envie d’aller voir l’exposition.


Traces du sacré
Centre Pompidou
7 mai - 11 août 2008
11h00 - 21h00

Louise Bourgeois (2)



J’ai déjà parlé dans un précédent post de mon premier choc “Louise Bourgeois” à la Tate Modern (pas pour sa rétrospective mais avant, quand il y avait que sa sculpture “araignée”).
Une femme de 84 ans qui présente des araignées en métal de 6 m de haut en les appellant “maman” et en se payant le luxe, de surcroit, de dire qu’elle adorait sa mère et que c’est pour cette raison qu’elle la répresentait sous forme d’araignée car une araignée est, elle “aussi” : “intelligente, patiente, propre, et utile, raisonnable et indispensable” !!!!, une femme comme cela, c’est, je pense, intéressant !

Donc pour résumer : premier contact, ressenti d’une très grande violence.


Je suis allée voir la rétrospective à Beaubourg et j’ai regardé un magnifique documentaire sur Arte que je recommande car entendre parler Louise Bourgeois est vraiment passionnant.





De l’expo je ne parlerai que d’une oeuvre :
une maquette de la maison familiale de son enfance
dans une sorte de cage à côté d’une guillotine.
Là aussi, grande violence !

Elle explique qu’il faut quitter/couper le passé (elle a souffert dans cette maison à cause de son père qui y amenait ses maîtresses !).




















En fait elle ne parle tout le temps, et on le voit dans son art (sculptures mais aussi dessins, …), que d’exorciser les traumas de son enfance pour lui permettre de retrouver un certain équilibre : “art is a guaranty of sanity”.











Voici enfin un de ses dessins que j’aime beaucoup, qui rappelera des artistes qui pourraient être ses arrière-petits enfants ! je pense notamment à Isabelle Boinot dont j’ai parlé des dessins dans ce blog.



"Louise Bourgeois" au Centre Pompidou
5 mars - 2 juin 2008 (11h00 - 21h00)
Site web

Le Feu Follet : les bonus de l'édition Criterion


Sur les quatre bonus de l’édition Criterion, trois sont inédits (à ma connaissance), le quatrième étant déjà présent sur l’édition d’Arte.

Ces nouveaux bonus sont :


- une courte interview de Maurice Ronet que l’on découvre excessivement délicat, presque féminin, d’une douceur extrême, assez à l’opposé de l’image que l’on peut s’en faire (surtout si on a vu La piscine ou Plein Soleil). Un acteur merveilleux, qui a clairement été sous exploité par le cinéma français et qui livre dans le Feu Follet sa meilleure performance d’acteur. Louis Malle a d’ailleurs été durant le tournage d’une très grande exigence avec l’acteur, du fait d’une évidente identification au personnage.

- une longue interview de Louis Malle où les questions de la journaliste sont aussi inintéressantes que les réponses sont passionnantes.
On comprend à quel point le film était personnel pour son auteur.

- “Malle’s fire within” un documentaire où quelques uns des collaborateurs du film nous parlent du tournage et de Louis Malle.

Je trouve juste dommage qu’un supplément n’ai pas été consacré à la musique du film d’Eric Satie car il s’agit pour moi d’une des meilleures utilisation de musique non originale pour un film.


Reste un texte de Michel Ciment toujours agréable à lire mais où on n’apprend rien de particulier.


Le Feu follet est un film magnifique où tout est en nuance, en finesse, imperceptible, comme le héros principal qui est là mais n’est plus là. Les choses tiennent à peu.









Je n’ai pas regardé la copie restaurée par Criterion (qui j’en suis sûre est magnifique). Ce film est tellement beau que j’évite de le regarder régulièrement.

Louis Malle l’a réalisé en moins d’un an à l’âge de 30 ans.


Où va-t-on ?


J’apprends cette semaine dans le magazine Elle :

"Mgmt, le groupe qui excite la hype, est un duo rigolo"

bon.

"le groupe qui excite la hype" ?

Une journaliste, au magazine Elle, qui ne sait pas écrire, qui ne sais pas quoi dire, et qui écrit (tout de même) qu’un groupe fait parler de lui et qu’à ce titre (elle le dit !!!), elle va en parler.
Ne commentons pas.

Rejoignons plutôt sur Facebook les groupes :

Pour que Coyotte arrive enfin à choper Bip Bip et lui défonce sa gueule !
Françoise de Panafieu a un caniche albinos mort sur la tête
Pour la pendaison en place publique de Michel Sardou

pour nous détendre un peu ….

Entre tes cuisses They don't love you remix


est une bombe atomique que j’ai découverte il y a quelques mois grâce au magnifique mix “Nov ’ en barre” du fameux Dandy with Dandruffs que l’on peut voir sévir sur myspace.


Entre Tes cuisses (pertinemment traduit par “between your thights”) est apparemment un jeune français. Je n’en sais pas plus.
Sa voix oscille entre Romanthony des bonnes années et Prince, ce qui dans ma bouche n’est PAS un petit compliment.

Je choisis de vous faire écouter le morceau de Entre tes cuisses dans le mix de Dandy with Dandruffs car je préfère cette version un peu mélangée à d’autres choses et légèrement pitchée.

Enjoy.







http://www.myspace.com/entretescuisses
http://www.myspace.com/dandywithdandruffs

Frank Horvat : merveilleuses photographies !


Je connaissais bien sûr le nom de Frank Horvat depuis longtemps.
Je l’ai réellement “rencontré” pour la première fois lors de la conférence de Saul Leiter au Musée du Judaïsme il y a quelques mois, conférence conduite par le très intéressant Sam Stourdzé.
Frank Horvat y a posé une question au sein du public. Ce n’était pas tant une question qu’un constat que j’ai trouvé personnellement bouleversant : comment Saul Leiter (qui du reste n’avait pas l’air de reconnaître Frank Horvat, ni de calculer quoique ce soit en général, un peu dans une sorte de cocon permanent hors du monde) faisait-il pour toucher au but si naturellement alors que lui (Frank Horvat) et ses comparses faisait tout, réfléchissaient sans relâche aux “secrets” pour réussir la bonne photo sans y parvenir.

On retrouve ici ce dont je parlais dans un récent post sur le bouddhisme zen : pour toucher la cible il ne faut pas viser mais laisser la flèche aller au but !

Enfin, on ne pourra pas dire que Frank Horvat n’a jamais touché dans le mille. Bien au contraire. Et l’exposition “New York, up and down” est à ce titre pour moi une révélation. J’ai été véritablement époustouflée par de nombreux clichés. Je pensais voir des photos personnelles d’un photographe de mode qui avait fait du très classique (à la Breakfast at Tiffany’s) dans les années soixante, et vu sa modestie à la conférence, je ne m’attendais à rien d’exceptionnel.

Grosse erreur.

Voici quelques unes des photos de l’expo :











Cette photo est ma préférée (il faut la voir en vrai, la reproduction ici ne lui rend pas justice) :



Pour préparer ce post je me suis rendue sur le site de Frank Horvat : http://www.horvatland.com

Ce site lui ressemble, car les commentaires (voir aussi l’interview) sont pleins d’honneteté et de franchise.
Je ne peux pas m’empêcher de vous montrer une sélection de photos que j’y ai trouvées (anciennes, récentes, portraits, natures mortes, etc ….).
Comme il le dit lui-même, il n’y a pas une identité unique et forte qui se dégage de toutes ces photos, mais quelles beaux “instantanés” quand même !






























Il faut acheter les deux livres en vente à la galerie : le journal d’une année, et le livre “rétrospective” du travail de Frank Horvat.

http://www.lamaisonpresbastille.com/
jusqu’au 13 juillet 2008.

Galerie Philippe Chaume


plus que 2 jours (!!) pour voir cette (petite) exposition des photographies de Floriane de Lassée “Inside views” à la galerie Philippe Chaume.


On y voit une quinzaine de tirages grand format de paysages urbains on l’on discerne parfois une femme en transparence, fantômatique.
Ce sont cependant ces clichés qui me plaisent le moins. Il y a une sorte de “trucage” dans la photo et une notion de “concept” qui ne m’intéresse pas vraiment.
En revanche il y a quelques clichés (les plus simples) qui sont absolument magnifiques où une certaine pureté rejoint la sophistication photographique.










Je devais intituler ce post du nom de la photographe dont l’exposition se termine ce week end. Mais après être allée sur le site de la galerie et avoir regardé tous les artistes représentés, j’ai dû changer le titre tellement il y avait de choses qui me plaisaient :


Ambroise Tezenas :









Brian Finke :




Frédéric Delangle




René et Radka










http://www.galeriephilippechaume.com

Mirored walk



J’ai pris cette photo il y a quelques jours. Quand j’ai vu quelqu’un arriver j’ai senti, avant d’appuyer sur le bouton (ce qui m’arrive très rarement), que je pouvais faire une belle photo avec cette silhouette.

Arte en VF

Pourquoi Arte passe de magnifiques films (ce soir Don’t come knocking de Wim Wenders, meilleur film selon moi de l’année 2005) en VF ?!!!!!!!

non seulement on ne voit pas le film en v.o. mais en plus il y a des gens qui vont le voir en vf et se le gâcher !

ils feraient mieux de passer en vf quand leurs présentateurs nous accablent d’un horrible “Tschuss” ou d’un faux “bis bald” à la fin des émissions …. (je suis à moitié allemande, je peux me permettre….)

World Press 08 à la galerie Azzedine Alaïa


On peut voir jusqu’au 1er juin les photos lauréates du World press 2008, qui récompense ce qui se fait de mieux en matière de photo-journalisme aujourd’hui dans le monde.


J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de violence dans les photos présentées. Sans doute parce que le monde est très violent et qu’en France on ne s’en rend pas bien compte.

Et quelques très belles photos.

Mes préférées sont les 3 suivantes :








Un catalogue est disponible sur le site world press :
http://www.worldpressphoto.org/

Jusqu’au 1er juin 2008.
Galerie Azzedine Alaïa, 18 rue de la Verrerie, Paris 4e.
Ouvert tous les jours de 12h à 19h.

Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc

"Quand tout découle de l’oubli total de soi et du fait qu’on s’intégre à l’évènement sans aucune intention propre, il convient que, sans aucune réflexion, direction ou contrôle, l’accomplissement extérieur de l’acte se déroule de lui-même".

Ce texte est extrait du livre de E.Herrigel, un allemand ayant séjourné au Japon dans les années 20, professeur de philosophie ayant tenté de comprendre le bouddhisme zen à travers la pratique du tir à l’arc (kyudo en japonais).

Le Kyudo est une discipline presque plus spirituelle et philosophique que juste sportive et esthétique, comme finalement beaucoup de disciplines au Japon.
Et notamment les disciplines artistiques : on vit dans l’instant présent la vacuité de l’être, ou dit de façon plus “occidentale” : on laisse parler le divin qui est en nous.

On n’a donc pas besoin de viser.



Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer une image :



et une video :



Je cite pour finir un poème japonais “secret” cité par Bertrand Petit
dans ” Voie de l’arc des Samouraïs ” (Fata Morgana)
 :

Encocher la flèche

tendre amplement l’arc
s’éveiller spontanément à l’instant du lâcher
sans penser, sans imaginer.


Les pâtisseries japonaises à Paris

Je ne sais pas pourquoi j’aime tellement le Japon et tout ce qui exprime la culture japonaise.

J’ai reçu il y a quelques jours ce cadeau qui vient d’une pâtisserie japonaise que je ne connaissais pas à Paris : TORAYA.
Tout commence, comme toujours au Japon, avec la manière dont le produit est présenté et emballé : le papier mais aussi la manière de le plier, la boîte cartonnée :



Il y a aussi un petit dépliant qui présente les “wagashi” (pâtisseries japonaises), où on apprend que
TORAYA est fournisseur officiel de la Cour Impériale depuis le 16ème siècle.

Les wagashi doivent faire appel aux 5 sens : apparence, goût, texture, parfum et son (noms poétiques).

Le Dépliant montre notamment des pâtisseries qui représentent chacune des saisons :




et se termine sur une phrase qui nous parle “d’harmonie unique”.
J’ai l’impression que ce n’est plus de la pâtisserie mais de l’art !

A propos d’art, TORAYA propose à Tokyo à partir de demain une expo sur l’histoire de la confiserie depuis le 16è siècle au Japon :


Link

Toraya Gallery, 2nd floor, Toraya Building, (4-9-22 Akasaka, Minato-ku, Tokyo)
May 17- June 16, 2008



Une autre pâtisserie japonaise que je connais bien à Paris et que j’adore est SADAHARU AOKI.



J’aime TOUT chez ce pâtissier japonais (sauf peut être la sélection de thés qui n’a jamais été exceptionnelle).

Ce qui est admirable chez lui c’est finalement l’aisance à inventer à partir d’un cadre japonais (finesse, esthétisme, couleurs, textures, minimalisme, mélange des parfums) en s’inspirant des recettes de pâtisserie occidentale.
En effet, on y trouvera pas que des petits carrés à base d’azuki (!) mais aussi des truffes, des sablés, des cakes, etc ….



J’ai goûté il y a quelques semaines les palettes de couleurs en chocolat : un délice absolu.



Quand on élève une activité quotidienne au rang d’art je suis encore plus impressionnée que par quelqu’un qui fait de l’art tout court !


http://www.toraya-group.co.jp/paris/
(on peut aussi y déjeuner mais je conseillerais de réserver)

http://www.sadaharuaoki.com/