Mikio Naruse
Il y a quelques semaines, un ami, collectionneur de films japonais, me prête quelques dvds parmi lesquels “Le Repas” de Mikio Naruse.
Pressentant la puissance du film, je laisse passer 10 jours, le temps d’avoir devant moi une soirée calme où je sais que je vais pouvoir vraiment donner toute mon attention au film, sans être déconcentrée par autre chose. A raison.
Quel choc …..
Ce film est d’une finesse et d’une délicatesse étourdissantes.
Le réalisateur arrive à nous amener à une telle intimité des sentiments de ses personnages, eux-mêmes d’une telle banalité, que le contraste en est impressionnant.
Cette qualité de perception si sobre des sentiments, Mikio Naruse l’a comme très peu de réalisateurs l’ont. Le seul nom qui me vient à l’esprit est Jean Renoir. Alors bien sûr j’imagine la chance d’un réalisateur qui ne “réalise” pas ce qu’il fait et m’empresse d’acheter un autre de ses films, édité en Criterion, “When a woman ascends the stairs”. Là je me rends compte qu’il ne s’agit pas de chance mais bien du génie de Naruse, qui a su caractériser, au moins dans ces deux films, le doute et la violence de la vie dans ce qu’ils ont de si envahissants et de si insaisissables.
Dans chacun de ces films, le sujet est finalement très simple et peu dramatique. L’incommunicabilité dans l’un, où la femme s’ennuie dans sa vie de couple alors même que son mari est amoureux d’elle mais qu’ils n’arrivent pas à réellement se croiser. Et la servitude dans l’autre, matérialisée à l’écran, au delà de l’histoire en elle-même, par un instant furtif qui précède, le soir, le moment où cette femme monte les escaliers pour aller travailler; une seconde évanescente où pourtant toute la violence du monde est dite …
Sorbet de chèvre frais au coulis de roquette
Lucas Cranach et Piet Mondrian
Présentée après une Lucrèce qui lève les yeux au ciel, reprochant à Dieu d’avoir laissé faire un acte aussi horrible (Francesco Francia), la Lucrèce de Cranach regarde le spectateur droit dans les yeux : c’est la société qu’elle accuse. Quelle modernité ! Dieu est mort dès le 16è siècle pour Cranach ….
Les taoïstes concluraient en disant que la vérité est hors de cette dualité : les deux positions sont simultanément vraies.
Cookie Crew : females
To B., in loving memory.
André Kertesz au Jeu de Paume
France 1500
CHRISTUS, Petrus : Portrait of a Young Girl (c. 1470)
MASSYS, Quentin : The Ugly Duchess (1525-30)
MEMLING, Hans : Allegory with a Virgin (1479-80)
BOTTICELLI Sandro, Portrait of a Young Woman (c. 1480)
LEONARDO da Vinci, Female head (La Scapigliata) (c. 1508)
PATENIER Joachim, Landscape with St Jerome (1515-19)
RAFFAELLO Sanzio, Portrait of Tommaso Inghirami (1510-14)
EYCK Jan van, The Virgin of Chancellor Rolin (1435)
DÜRER Albrecht, Self-Portrait in a Fur-Collared Robe (1500)
CRANACH Lucas the Elder, Judith with the Head of Holofernes (c. 1530)
HOLBEIN Hans the Younger, Portrait of a Lady with a Squirrel and a Starling (1527-28)
Banksy's Exit Through The Gift Shop
Une exception cependant : le film de Banksy malheureusement traduit en français par “Faite le mur” (?!?).
Et bien évidemment Banksy :
Mais c’est aussi et surtout un film sur la manipulation.
Nathaniel Brooks et Doug Dubois
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Kindle vs. Hardcover

Word Lens
Enfin !
Sinon, très jolie musique ….
Lone - Once in a While (Werk)
Lone est anglais. Il sort ses disques notamment sur le label Werk :
http://www.werkdiscs.com/
Detroit style moody music.
Enjoy.
James Blake - Limit To Your Love
Magnifique video. A regarder dans de bonnes conditions et sur un vrai sound system pour “vivre” l’effet sub bass incroyable dans le clip.
(Thanx to A.)
Worldometers
Fascinante page qui compile des statistiques en temps réel (algorithmes) pour le monde : nombre de naissances, nombre de décès, etc …
Certains chiffres sont souvent présentés avec une arrière pensée politique (et écologique) : ainsi on trouvera juste à côté des dépenses mondiales consacrées aux soins médicaux, à l’éducation, les dépenses mondiales consacrées aux armées.
Les chiffres qui m’impressionnent personnellement le plus :
Naissances du jour
Décès du jour
Décès causés par la cigarette cette année
Décès provoqués par alcool cette année
Suicides cette année
Téléphones mobiles vendus aujourd’hui
Messages électroniques envoyés aujourd’hui
Température moyenne courante (°C) (température qui n’a aucun sens mais qui symboliquement nous réunit !)
Personnes mortes de faim aujourd’hui (juste au dessus de : Argent dépensé en programmes de perte de poids aux Etats-Unis aujourd’hui (US$))
Personnes n’ayant pas accès à un point d’eau potable
Jours restants jusqu’à la fin du pétrole
http://www.worldometers.info/fr/
Trésor des Médicis
Magnifique exposition au Musée Maillol.
Deux tableaux extraordinaires y sont présentés. Le portrait d’Eléonore de Tolède par Agnolo Bronzino (1543), qui est sur l’affiche de l’exposition et le portrait de Tommaso Inghirami par Raphaël.
J’ai remarqué également un merveilleux petit tableau qui décrit l’enfer d’une façon un peu à la Jérome Bosch sauf que ce tableau a la particularité d’être vide et noir en son milieu, et bordé de petits personnages et animaux sur son pourtour. Quelle modernité de peindre du vide dans un tableau à cette époque ! Malheureusement je n’ai pas photographié ce tableau et ne l’ai retrouvé nulle part sur internet ou dans un catalogue.
Le Bronzino et le Raphael :
http://www.museemaillol.com/
iPad
Seaquence
Voici une interface musicale online que je viens de découvrir :
N’oubliez pas de checker la fonction “recent” qui permet de voir ce qui a été fait par d’autres internautes dans la matinée. (J’aime l’impression de “réel” que cela donne à un site).
http://seaquence.org
Merci à Nicolas B.
Photos récentes
Harris Savides
Harris Savides est le meilleur directeur photo contemporain.
Je me souviens avoir vu the Yards en 2000 de James Gray et être sortie absolument époustouflée par la photographie (j’aurais pu m’en rendre compte même avant avec le cultissime “The Game” de David Fincher avec Michael Douglas).
Cela a continué derrière avec Elephant de Gus van Sant puis Birth du brillantissime et malheureusement peu prolixe Jonathan Glazer.
Suivront Zodiac de David Fincher qui est un film d’une précision impressionnante et enfin American Ganster de Ridley Scott.
Il a fait le dernier Woody Allen et le dernier Sofia Coppola.
Voici quelques plans :
http://www.imdb.com/name/nm0767647/
Jean-Luc Giribone
Passionnante interview de Jean Luc Giribone, en préambule au colloque “Au-delà du moi, la liberté ? - Psychanalyse, philosophie et méditation”.(1)
Normalien, agrégé de lettres, éditeur, professeur en France et aux Etats-Unis, écrivain, il aborde dans cet entretien réalisé par Nicolas D’Inca, la communauté évidente de la “recherche du soi” qui existe entre la psychanalyse et le bouddhisme, en comparant notamment Jacques Lacan dont il a suivi les séminaires et Chögyam Trungpa.
Là où l’entretien devient réellement intéressant c’est quand il introduit la notion de paradoxe qui devient nécessaire pour résoudre des problématiques aussi bien de recherche de soi que dans des pratiques thérapeutiques plus classiques. Il souligne ainsi le paradoxe du bouddhisme zen dont l’essence est “zazen”, pratique de la méditation assise, qui consiste précisément à “ne rien faire”. Et encore, il aurait pu préciser que non seulement on doit “s’asseoir et ne rien faire” mais encore on doit le faire sans chercher à obtenir quoique ce soit …
Et c’est sans chercher à obtenir quoique ce soit et en ne faisant rien que l’on créé “du jeu” et de l’espace pour quelque chose.
Il existe quelques livres sur le sujet (2), tous un petit peu décevants, mais il me tarde de lire un jour une analyse comparative pertinente entre le bouddhisme zen et la psychanalyse.
Le bouddhisme zen (et non les autres formes de bouddhisme comme le bouddhisme tibétain qui selon ma compréhension “promet” plus que le bouddhisme zen qui, comme le souligne très justement Jean Luc Giribone “déçoit” toujours car il ne donne pas de réponse) précise très bien le “biais” psychologique qu’introduit l’ego dans la vie de chacun.
Shunryu Suzuki dans le monumental “Esprit zen, esprit neuf” le dit très bien :
"tant que vous pensez : "Je suis en train de faire ceci", ou "je dois faire ceci", ou "je dois atteindre quelque chose de spécial", en réalité vous ne faites rien. Quand vous abandonnez, quand vous avez cessé de vouloir quelque chose, ou que vous n’essayez pas de faire quelque chose de spécial, alors vous faites quelque chose."
En d’autres termes, quand vous pensez égocentriquement à ce que vous faites, vous n’êtes plus dans ce que vous faites. C’est aussi simple que cela.
Je pourrais citer également Herrigel que j’ai déjà cité dans ce blog :
"Quand tout découle de l’oubli total de soi et du fait qu’on s’intègre à l’évènement sans aucune intention propre, il convient que, sans aucune réflexion, direction ou contrôle, l’accomplissement extérieur de l’acte se déroule de lui-même". (dans “Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc”).
Dès que l’on est orienté par l’ego on “sort” de soi et on n’est plus dans une appréhension authentique, directe et réelle de sa vie. On se déplace en quelque sorte de soi.
On peut reprendre à ce titre et pour illustrer mon propos l’image du tireur à l’arc qui vise la cible : la trajectoire de son oeil à la cible est structurellement en décalage avec la trajectoire de la flèche !
Que nous dit la psychanalyse ? La même chose. Qu’il faut tout autant enlever les couches qui au fil des années et notamment dans l’enfance on recouvert ou “tordu” notre moi authentique. La psychanalyse permet de se “retrouver” et de comprendre qui on est vraiment.
Comme le formulait très bien Lacan qui expliquait les trois étapes fondamentales d’une psychanalyse :
1) je parle mais ce n’est pas moi qui parle à quelqu’un qui n’est pas celui auquel je m’adresse
2) c’est moi qui parle mais toujours pas à celui à qui je m’adresse
3) c’est enfin moi qui parle et réellement à la personne à qui je m’adresse (on retrouve la trajectoire de la flèche si vous voulez !)
Dans le bouddhisme zen, comme dans la psychanalyse, on essaye si ce n’est de gommer mais au moins d’avoir conscience des projections qui déforment notre appréhension de la réalité et des autres. Il s’agit d’arrêter de se “mentir” à soi-même.
Un troisième élément de perspective serait pour moi l’analyse de la création artistique qui trouverait parfaitement sa place après cette analyse comparative de la psychanalyse et du bouddhisme zen dans la recherche du soi, puisque précisément l’artiste “authentique” est tout entier dans son expression, et plus l’artiste oublie son ego et plus, selon moi il nous touche, car il n’est pas “cyniquement” à côté de son oeuvre mais dedans.
L’entretien :
http://philosophies.tv/spip.php?article255
Le blog de Nicolas d’Inca :
http://psychologie-meditation.blogspot.com/
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(1) : Le colloque :
http://psychologie-meditation.blogspot.com/2010/09/au-dela-du-moi-la-liberte-bouddhisme-et.html
(2) : "Bouddhisme Zen et psychanalyse" de Fromm Erich, Suzuki Daisetz Teitaro, et Martino Richard
"Le bouddhisme au risque de la psychanalyse" de Eric Vartzbed
"Bouddhisme et psychanalyse" de Nina Coltart, Fabrice Midal, et Corinne Marotte