
splendeur.


un cinéaste hors du commun et une identité visuelle très forte (ses verts, ses gris magnifiques), Je crois que l'homme était assez dur (il faut probablement l'être quand on créé ses propres studios afin de contrôler soi-même tous les détails), mais que ses films sont beaux ! Il meurt d'une crise cardiaque à 55 ans, ce qu'il avait prévu (son arrière grand père, son grand père et son père sont morts au même âge de la même manière ...). Il aura le courage surhumain de reprendre le tournage de son plus beau film, Le samouraï, après l'incendie qui détruit tous ses studios. Une plaque commérore toujours rue Jenner leur ancien emplacement.

Ce qui m'intéresse ici c'est l'ouverture d'esprit de Coltrane, sa curiosité.

La finesse des traits du visage, les couleurs : on atteint selon moi l'apogée de la peinture. Le 20ème siècle, en se réinventant complètement donnera des peintres majeurs (Rothko, Bacon, Hopper, etc.) mais pour moi les primitifs flamands puis la renaissance italienne ont créé les plus belles oeuvres d'art visuel qui soient. Roger van der Weyden est un très grand maître, souvent oublié au profit des Van Eyck et autres Brueghel.

Il s'agit du plus beau film en couleurs de l'histoire du cinéma. Les couleurs des lieux, bien sûr (les vues plongeantes dans la vallée ont inspiré Georges Lucas pour Stars Wars), mais aussi des personnes : la couleur de la chair, le rouge à lèvres à la fin du récit, le blanc des habits des nonnes etc. A chaque fois que je le regarde (il existe une version blu ray avec en supplément un entretien avec le directeur photo Darius Khondji), je ne peux pas m'empêcher de mettre le film régulièrement sur pause et prendre une photo de l'écran).
Je pourrais compléter mon commentaire en précisant que son directeur de la photographie, Jack Cardiff, a reçu un Oscar pour ce film ou que c'est un film Technicolor (chaque scène était filmée avec trois pellicules (pour le rouge, le vert, le bleu) mais cela resterait réducteur.
A tout cela s'ajoute l'incroyable performance de Kathleen Byron qui avait compris dès que Powell lui propose le rôle qu'elle n'en aura jamais un aussi grand.
Michael Powell, immense réalisateur, a heureusement été redécouvert à la fin de sa vie par Martin Scorcese dont la monteuse attitrée, Thelma Schoonmaker, a même épousé Powell. Elle en parle souvent - dans les documentaires, et en octobre dernier à la Cinémathèque - avec beaucoup d'amour et d'admiration. Il y a de quoi.

Hopper ose peindre le vide et souvent la solitude (même à côté des autres). Les couleurs bleus verts sont magnifiques. Cette scène qui semble de prime abord très banale est en fait très paradoxale : les théâtres sont toujours montrés pleins (ou vides). Cette femme seule, dont les traits sont un peu tirés par la vie, semble attendre que quelque chose se passe. Nous sommes à l'entracte, mais elle reste quand même à sa place et ne se mêle pas aux autres.

Superbe portrait d'un réalisateur qui a fortement influencé ma photographie. Je me souviens d'un excellent article de Nicolas Bourriaud qui soulignait l'importance de la puissance visuelle de cet artiste, et du peu d'importance que celui ci accordait à l'histoire proprement dite. Comme il avait raison.

par Auguste Leon (selon The wonderful world of Albert Kahn de David Okuefuna) ou Georges Chevalier (site du musée albert Kahn)
Merveilleuses couleurs des autochromes, invention inégalée des frères Lumières pour photographier en couleurs les peuples du monde entier à la demande d'Albert Kahn au début du 20ème siècle. Il souhaitait créer une "mémoire visuelle universelle" sorte de patrimoine mondial en images, encyclopédie visuelle des peuples et des paysages, accessible aux générations futures.

Difficile de dire pourquoi j'aime autant ce tableau. Ce ne sont pas les fruits. Ils sont magnifiques mais l'émotion ne vient pas de là (les natures mortes hollandaises du 17ème siècle tout aussi impressionnantes ne dégagent pas la même émotion). C'est sans doute plus le visage qui permet au Caravage de se distinguer immédiatement. J'aime profondément les visages chez lui, sans doute pour leur réalité, leur sensualité. Le jeune Caravage (il a 22 ans !!!) veut manifestement montrer sa déjà très grande dextérité : un portrait vivant (bizarrement le garçon regarde dans le vide, il est presque absent) ET une nature morte. A tout cela s'ajoute un arrière plan sobre et plat, favorisant ainsi le surgissement du sujet dans le tableau. Les traits du visage, le dessin des fruits, les couleurs, la composition : tout est parfait. Cela suffit-il à expliquer la magie de ce tableau ? Certainement pas. La beauté absolue de ce tableau me reste mystérieuse.
Quand je parle de beauté absolue, soyez certains que je n'emploie pas ce terme à la légère. Pour l'anecdote, je suis allée il y a quelques mois voir la rétrospective du Caravage au palais Barberini. Nous avions pris des billets en ligne auprès de guides culturels car l'exposition était à guichets fermés. Tout cela nous semblait suspect et jusqu'à la dernière minute nous avons cru à la possibilité d'une arnaque en ligne (le prix était élevé). Ce n'est que surplace, lorsque l'on est entré dans le musée, avant même d'entrer dans l'exposition, que je me suis mise à pleurer car je savais que je ne reverrai rien de si beau de toute ma vie.










splendeur.
un cinéaste hors du commun et une identité visuelle très forte (ses verts, ses gris magnifiques), Je crois que l'homme était assez dur (il faut probablement l'être quand on créé ses propres studios afin de contrôler soi-même tous les détails), mais que ses films sont beaux ! Il meurt d'une crise cardiaque à 55 ans, ce qu'il avait prévu (son arrière grand père, son grand père et son père sont morts au même âge de la même manière ...). Il aura le courage surhumain de reprendre le tournage de son plus beau film, Le samouraï, après l'incendie qui détruit tous ses studios. Une plaque commérore toujours rue Jenner leur ancien emplacement.
Ce qui m'intéresse ici c'est l'ouverture d'esprit de Coltrane, sa curiosité.
La finesse des traits du visage, les couleurs : on atteint selon moi l'apogée de la peinture. Le 20ème siècle, en se réinventant complètement donnera des peintres majeurs (Rothko, Bacon, Hopper, etc.) mais pour moi les primitifs flamands puis la renaissance italienne ont créé les plus belles oeuvres d'art visuel qui soient. Roger van der Weyden est un très grand maître, souvent oublié au profit des Van Eyck et autres Brueghel.
Il s'agit du plus beau film en couleurs de l'histoire du cinéma. Les couleurs des lieux, bien sûr (les vues plongeantes dans la vallée ont inspiré Georges Lucas pour Stars Wars), mais aussi des personnes : la couleur de la chair, le rouge à lèvres à la fin du récit, le blanc des habits des nonnes etc. A chaque fois que je le regarde (il existe une version blu ray avec en supplément un entretien avec le directeur photo Darius Khondji), je ne peux pas m'empêcher de mettre le film régulièrement sur pause et prendre une photo de l'écran).
Je pourrais compléter mon commentaire en précisant que son directeur de la photographie, Jack Cardiff, a reçu un Oscar pour ce film ou que c'est un film Technicolor (chaque scène était filmée avec trois pellicules (pour le rouge, le vert, le bleu) mais cela resterait réducteur.
A tout cela s'ajoute l'incroyable performance de Kathleen Byron qui avait compris dès que Powell lui propose le rôle qu'elle n'en aura jamais un aussi grand.
Michael Powell, immense réalisateur, a heureusement été redécouvert à la fin de sa vie par Martin Scorcese dont la monteuse attitrée, Thelma Schoonmaker, a même épousé Powell. Elle en parle souvent - dans les documentaires, et en octobre dernier à la Cinémathèque - avec beaucoup d'amour et d'admiration. Il y a de quoi.
Hopper ose peindre le vide et souvent la solitude (même à côté des autres). Les couleurs bleus verts sont magnifiques. Cette scène qui semble de prime abord très banale est en fait très paradoxale : les théâtres sont toujours montrés pleins (ou vides). Cette femme seule, dont les traits sont un peu tirés par la vie, semble attendre que quelque chose se passe. Nous sommes à l'entracte, mais elle reste quand même à sa place et ne se mêle pas aux autres.
Superbe portrait d'un réalisateur qui a fortement influencé ma photographie. Je me souviens d'un excellent article de Nicolas Bourriaud qui soulignait l'importance de la puissance visuelle de cet artiste, et du peu d'importance que celui ci accordait à l'histoire proprement dite. Comme il avait raison.
par Auguste Leon (selon The wonderful world of Albert Kahn de David Okuefuna) ou Georges Chevalier (site du musée albert Kahn)
Merveilleuses couleurs des autochromes, invention inégalée des frères Lumières pour photographier en couleurs les peuples du monde entier à la demande d'Albert Kahn au début du 20ème siècle. Il souhaitait créer une "mémoire visuelle universelle" sorte de patrimoine mondial en images, encyclopédie visuelle des peuples et des paysages, accessible aux générations futures.
Difficile de dire pourquoi j'aime autant ce tableau. Ce ne sont pas les fruits. Ils sont magnifiques mais l'émotion ne vient pas de là (les natures mortes hollandaises du 17ème siècle tout aussi impressionnantes ne dégagent pas la même émotion). C'est sans doute plus le visage qui permet au Caravage de se distinguer immédiatement. J'aime profondément les visages chez lui, sans doute pour leur réalité, leur sensualité. Le jeune Caravage (il a 22 ans !!!) veut manifestement montrer sa déjà très grande dextérité : un portrait vivant (bizarrement le garçon regarde dans le vide, il est presque absent) ET une nature morte. A tout cela s'ajoute un arrière plan sobre et plat, favorisant ainsi le surgissement du sujet dans le tableau. Les traits du visage, le dessin des fruits, les couleurs, la composition : tout est parfait. Cela suffit-il à expliquer la magie de ce tableau ? Certainement pas. La beauté absolue de ce tableau me reste mystérieuse.
Quand je parle de beauté absolue, soyez certains que je n'emploie pas ce terme à la légère. Pour l'anecdote, je suis allée il y a quelques mois voir la rétrospective du Caravage au palais Barberini. Nous avions pris des billets en ligne auprès de guides culturels car l'exposition était à guichets fermés. Tout cela nous semblait suspect et jusqu'à la dernière minute nous avons cru à la possibilité d'une arnaque en ligne (le prix était élevé). Ce n'est que surplace, lorsque l'on est entré dans le musée, avant même d'entrer dans l'exposition, que je me suis mise à pleurer car je savais que je ne reverrai rien de si beau de toute ma vie.